Dans le cadre des discussions en cours sur le prochain Cadre financier pluriannuel (MFF), j’ai participé à un échange entre mon groupe S&D et Social Platform consacré à un enjeu majeur : l’investissement social et la lutte contre la pauvreté en Europe.
Un débat d’autant plus nécessaire que la proposition de la Commission européenne, présentée en juillet, suscite de vives inquiétudes:
- recentrage sur la compétitivité et la défense;
- disparition d’une ligne budgétaire dédiée au FSE+;
- absence de moyens sociaux supplémentaires;
- conditionnalités renforcées…
…autant d’orientations qui risquent d’affaiblir la dimension sociale du projet européen.
Un constat partagé : sans financement social dédié, aucune chance d’éradiquer la pauvreté
Le FSE+ est l’un des rares outils capables de soutenir durablement l’inclusion, l’accès à l’emploi, les services sociaux essentiels et la lutte contre la pauvreté infantile. Le vider de sa substance, comme envisagé aujourd’hui, ou le dissoudre dans des stratégies nationales peu contraignantes, reviendrait à abandonner les publics les plus vulnérables.
Quelques exemples d’impact concret du FSE+?
- Italie : création d’espaces multifonctionnels pour les jeunes, systématisation des services sociaux;
- Espagne – Diacona : actions exemplaires contre les crimes haineux, avec accompagnement individuel, groupes de soutien et justice restauratrice;
- Caritas Espagne : démonstration que l’investissement social rapporte : 1€ investi = 3€ de retour social; entre 2014 et 2020, 620 000 personnes accompagnées et près de 200 000 reprises d’emploi;
- Projets Horizon Europe : soutien aux familles à travers des services efficaces parce qu’inscrits dans la durée.
Les fonds européens changent des vies lorsqu’ils sont stables, identifiables et protégés.
Ce que nous défendons : un FSE+ fort, visible et orienté vers les besoins réels
Avec les eurodéputés S&D, les ONG et les collectivités locales présentes, plusieurs priorités se dégagent:
- Maintenir un FSE distinct et identifiable;
- Garantir un budget renforcé ainsi que les allocations obligatoires pour l’inclusion (et non un seuil de 14 % non contraignant);
- Protéger les groupes vulnérables;
- Renforcer les indicateurs pour lutter contre la pauvreté infantile, le sans-abrisme, et l’exclusion des personnes porteuses de handicaps;
- Préserver une gouvernance participative, avec un rôle central pour les municipalités et la société civile;
Car derrière les lignes budgétaires se trouvent des réalités humaines : logement, santé, revenus décents, protection de l’enfance, lutte contre le racisme et la xénophobie, accès à l’emploi.
Un message clair : la transition sera juste ou ne sera pas
Une Europe qui néglige l’investissement social crée du ressentiment: un terrain où l’extrême droite prospère.
La lutte contre la pauvreté passe par des services publics forts et par des ressources propres européennes ambitieuses, via une fiscalité juste sur le capital et les grandes fortunes.
Pour une Europe sociale qui ne se contente pas de discours
Le prochain MFF (Cadre pluriannuel financier 2028-2034) sera un test décisif pour la crédibilité sociale de l’Union européenne.
Soit nous donnons aux États et aux organisations de terrain les moyens d’agir (avec un FSE+ solide, ciblé et ambitieux) soit nous risquons un recul historique dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Pour ma part, je continuerai à défendre une Europe qui investit dans ses citoyennes et citoyens, dans ses enfants, dans ses services publics, dans sa cohésion. Parce qu’un budget est toujours un choix politique. Et que la justice sociale ne peut pas attendre 2050.
