Un chouette initiative de l’Europe!
L’UE doit devenir un leader mondial dans la mesure du progrès humain durable, en alliant performance économique, justice sociale et préservation des ressources naturelles.
Ainsi, dans sa lettre de mission (septembre 2024), la Présidente de la Commission européenne, Madame von der Leyen, a chargé le Commissaire Valdis Dombrovskis de moderniser la boussole économique de l’Europe.
Concrètement? Il s’agirait d’intégrer au Produit Intérieur Brut des indicateurs de bien-être et de durabilité. Un cadre législatif européen pourrait être envisagé, par exemple sous la forme d’un règlement sur la mesure du bien-être et du capital naturel.
C’était l’objet d’une 1ère discussion entre les Commissons Emploi, Environnement (dans lesquelles je siège) et Economie S&D, qui a commandité une étude réalisée par des Professeurs des Universités de Copenhagen et Malte sur le sujet.
Un PIB à actualiser
L’idée n’est pas d’abandonner le PIB mais bien de le compléter par des indicateurs utiles aux citoyens. En se focalisant uniquement sur la production marchande, le PIB ne reflète pas la qualité réelle de vie des populations. Or, faute d’indicateurs complets, les décisions publiques peuvent être biaisées et insuffisamment alignées avec l’intérêt général.
Clés de l’étude académique « Beyond GDP-PIB »
Les indicateurs macroéconomiques classiques, comme le PIB ou l’inflation, ne reflètent pas la charge réelle pesant sur les ménages. D’où la nécessité de développer des indicateurs « Beyond GDP-PIB« , centrés sur l’accessibilité au logement, les taux d’effort et la précarité énergétique, afin de mieux saisir les défis sociaux contemporains.
Ainsi, le rapport préconise:
-Un Green Net National Income (GNNI) qui ajusterait le PIB pour soustraitre les coûts environnementaux et valoriser les services écosystémiques;
-D’intégrer les indicateurs de bien-être dans la comptabilité nationale;
-De lier ces indicateurs aux programmes budgétaires et au Semestre européen (ndlr, lors du Semestre européen, les États membres de l’UE alignent leurs politiques budgétaires et économiques sur les objectifs et les règles convenus au niveau de l’UE);
Etude ETUC
Selon l’étude 2025 du Syndicat européen CES-ETUC, le modèle économique actuel montre ses limites sur deux fronts en particuliers: le soutien au ménages et le financement de la transition climatique. Il ne mobilise pas les ressources nécessaires pour transformer durablement nos systèmes productifs et énergétiques. Il charrie des inégalités croissantes qui freinent la dynamique économique et compromettent l’avenir.
Pour rappel
Près de 40 millions de personnes en Europe sont aujourd’hui incapables de chauffer correctement leur logement. La rénovation énergétique, pourtant indispensable pour réduire les émissions et améliorer le confort, reste inabordable pour une grande partie de la population sans un soutien public massif. Dans ces conditions, la transition climatique ne peut reposer sur les seuls ménages, déjà fragilisés par la hausse des coûts essentiels. D’où la nécessité de développer des indicateurs centrés sur l’accès réel aux biens fondamentaux, comme l’énergie, le logement ou la mobilité, afin d’évaluer équitablement le progrès et l’impact des politiques climatiques.
