Discours sur l’Etat de l’Union: où est le social?

Chaque année[1], lors de la session plénière de rentrée du Parlement européen à Strasbourg, en septembre, la Présidente de la Commission européenne prononce son traditionnel discours sur l’état de l’Union.

Ce mercredi 10 septembre 2025, Ursula von der Leyen, a donc présenté l’Etat de l’Union et ses priorités stratégiques pour les prochains mois.

Des priorités qui font l’impasse sur les vraies préoccupations des Européennes et Européens. L’on pense, entre autres :

  • Au coût de la vie, parce que, pour beaucoup de citoyen, de tous âges, les fins de mois sont intenables ;
  • à la sécurité et à la qualité de l’emploi : nous n’avons entendu parler que des entreprises et de leurs difficultés!
  • à la qualité et au prix de l’alimentation, la seule réponse de la Commission est le MERCOSUR, qui va mettre en danger nos agriculteurs et faire entrer des produits infestés d’hormones et de pesticides interdits.

Une Europe du tout au marché, une Europe qui méprise les travailleurs et qui enterre ses ambitions sociales et environnementales, une Europe qui fait la carpette devant Trump et lui donne des MIA d’investissements dont l’Europe aurait bien besoin…cette Europe là ne pourra jamais devenir l’Europe forte, autonome et indépendante que nous appelons de nos voeux.

Parce que cette Europe là trouve sa source et sa légitimité dans notre démocratie et notre modèle social

Une Europe sociale que le groupe politique de Madame von der Leyen, le PPE, avec la collaboration quotidienne de l’extrême droite, est occupé à étrangler de ses deux mains en la sacrifiant sur l’autel de du tout à la compétitivité et au profit.

La manière dont la Présidente de la Commission met en place ses politiques n’est pas à la hauteur des enjeux. Elle va aussi à l’encontre des intérêts des citoyen.ne.s européens.

Et le futur budget européen, en négociation, en est d’ailleurs la triste illustration.

UN FUTUR BUDGET A L’IMAGE D’UN DISCOURS D’OU LE SOCIAL EST ABSENT

Le 16 juillet dernier, la Commission a présenté un projet de budget (cadre financier pluriannuel) pour l’Union européenne pour la période 2028-2034, de près de 2.000 milliards d’euros. Un montant important, certes, mais largement insuffisant pour apporter des réponses aux défis actuels et futurs de l’Union européenne.

Dans une période qui voit un accroissement des inégalités sociales, la part du budget alloué à la cohésion économique, sociale et territoriale est fortement diminuée par rapport à la période de programmation 2021-2027 (65% versus 45% selon les estimations de mon groupe politique S&D).

Et ce budget, qui financera les seules politiques réellement sociales de l’Union européenne, est (à l’heure qu’il est des discussions) fusionné avec le budget alloué à la Politique agricole commune dans des « plans de partenariat nationaux et régionaux » qui seront gérés directement par les États membres.

Ursula von der Leyen propose donc un budget « dilué » pour les politiques sociales et d’emploi.

Pire, le Fonds social européen (FSE+), qui représentait un budget de 142,7 milliards d’euros, est mentionné mais n’est (à l’heure qu’il est) pas doté d’une ligne budgétaire propre. Ce qui signifie, avec cette proposition, que le Fonds social européen n’existe plus véritablement. Qu’il n’y a plus d’obligation d’investir dans les politiques sociales et d’emploi.

Un projet de budget européen qui voit également la disparition du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation qui permettait de soutenir les travailleurs licenciés, victimes de restructurations, à retrouver un emploi.

C’est donc une Union européenne bien éloignée de celle de la Stratégie de Lisbonne pour l’emploi (2000-2010) qui avait comme objectif de faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde en augmentant le taux d’emploi et en améliorant la qualité et la quantité des emplois, tout en assurant une plus grande cohésion sociale ».

COMPETITIVITE, LE NOUVEAU MANTRA DE LA COMMISSION

De cet objectif, la Commission d’Ursula von der Leyen n’a gardé qu’une seule obsession, la compétitivité.

Une compétitivité qui justifierait une succession d’OMNIBUS pour sacrifier nos législations sociales et environnementales sous couvert de simplification administrative. Qui justifierait de sacrifier les droits humains les plus élémentaires tels que refuser le travail forcé ou le travail des enfants dans le monde. Une politique totalement indigne de l’Union européenne.

Avec ce seul prisme de la compétitivité, Ursula von der Leyen ne voit l’Union européenne que comme un grand marché, au seul bénéfice des entreprises, et creuse encore plus le fossé entre elle et des citoyens européens confrontés à la hausse du coût de la vie, à une flexibilisation à outrance du marché du travail qui augmente les risques de burn-out, à un sentiment d’abandon et de déclassement qui fait le lit des idées nauséabondes de l’extrême-droite.

UN ACCORD EU-US QUI NOUS COUTE CHER…
Et alors que le risque de déclin économique et industriel de l’Union européenne a été mis en évidence dans les rapports Letta et Draghi. Alors que le besoin minimal annuel d’investissements publics et privés supplémentaires a été estimé à 800 milliards d’euros pour réindustrialiser l’Europe et atteindre ses objectifs sociaux et environnementaux, Ursula von der Leyen va conclure un accord commercial inique avec le Président américain Donald Trump.

Elle négocie un accord commercial qui aggrave la dépendance aux USA plutôt que renforcer son autonomie stratégique en détournant des montants colossaux d’investissements de l’UE vers les USA.

Car cet accord commercial UE-US, c’est non seulement l’obligation d’acheter pour 750 milliards de dollars de gaz naturel liquéfié (GNL), de pétrole et de combustibles nucléaires sur trois ans. Mais c’est aussi une somme astronomique de 600 milliards de dollars d’investissements européens qui devra être injectée aux États-Unis.

AUSTERITE…POUR LES TRAVAILLEURS

600 milliards de dollars d’investissements que les États membres de l’Union européenne devront investir aux USA alors que dans le même temps, les règles budgétaires européennes les poussent à toujours plus de politiques d’austérité, à réduire drastiquement les investissements dans les politiques publiques. Des règles qui mettent à mal notre modèle social européen, l’avenir de l’Europe et de ses citoyens.

UNE UNION EUROPEENNE JUSQU’ICI DU MAUVAIS COTE DE L’HISTOIRE

La proposition de la Présidente de la Commission de suspendre partiellement  l’accord d’association UE-Israël est largement insuffisante et arrive trop tard, alors qu’un génocide est en cours, sous nos yeux, à Gaza.

La Commission européenne et les États membres doivent agir concrètement pour :

  • Un cessez-le-feu immédiat;
  • La levée du blocus et la livraison urgente de l’aide humanitaire;
  • Un embargo européen sur les exportations d’armes à destination d’Israël;
  • La suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël et le gel des investissements de l’UE en Israël;
  • La libération de tous les otages retenus par le Hamas;
  • L’interdiction des produits issus des colonies israéliennes en Europe;
  • La protection de la Cour pénale internationale en faisant usage de la loi de blocage de l’UE;
  • Les sanctions contre les colons violents, l’interdiction de leur accès au territoire européen et le gel de leurs avoirs;
  • Les sanctions contre M. Smotrich et M. Ben Gvir.

[1] Le discours sur l’état de l’Union européenne ou SOTEU en anglais pour « State of the European Union » a été instauré en 2010 par le Traité de Lisbonne.

VOUS INSCRIRE POUR RECEVOIR MA NEWSLETTER

Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Retour en haut