Burn-out, dépression, stress, harcèlement: personne n’est à l’abri de ces maux liés à l’épuisement par le travail.

Sur le terrain….

C’est avec intérêt, et beaucoup d’émotion aussi, que j’ai écouté les témoignages des participants aux activités de l’asbl Nos Oignons.

« Je m’appelle Charlène, je suis enseignante, j’ai fait un burn-out en début d’année scolaire, mais j’étais dans le déni. En mars, j’ai complètement plongé pour atteindre le fond….Depuis que je suis les activités ici, je remonte la pente, petit à petit ».

Edouard (électricien indépendant), Marie (animatrice), Daniel (architecte), Sylviane…tous ont (re)pris contact avec la terre, avec eux-mêmes et les autres grâce à différentes activités, dont le projet « Soins verts », qui leur permet de retrouver du souffle suite à un burn-out ou d’une dépresssion liée au travail.

Au menu des activités proposées, le partage du quotidien des fermes par la pratique de l’agriculture sociale et solidaire: culture de légumes, soins aux animaux, participation à la traite, aux vélages, aux transformations,…

Chacun.e est accueilli gratuitement par des professionnels de la santé mentale et de l’agriculture sociale, en complément d’un parcours de soin.

Ce qui revient le plus dans les témoignages, c’est le bien fou que procure un rythme adapté aux besoins de chacun, sans pression aucune; mais également la douceur et la bienvillance des relations, l’écoute ausi.

Et je retiens les paroles de Sylviane: « Ce qui me plaît ici, c’est qu’on est élève et professeur de chacun. En maraîchage, il y a plein de façons de bien faire, parce que la vie est là, elle est forte. On peut se tromper mais ça marche quand même. »

Samuel Hubaux, super directeur, très impliqué, explique: « Ici, je parle de temps suspendu », parce qu’il est fondamental que les participants aux activités ne retombent pas sous la pression de nouveaux objectifs potentiellement inaccessibles. C’est la raison pour laquelle « des critères inclusifs doivent absolument être pris en compte dans le cadre d’une reconnaissance structurelle et financée de nos activités, reconnaissance que nous n’avons pas (encore) à ce jour. »

Merci à Samuel, Martin (animateur) et Andy (maraîcher) pour leur accueil chaleureux!

Soins verts est un projet pilote et une initiative de la Fondation Terre de vie et s’inscrit dans une étude menée par la KULeuven.

En savoir plus sur le programme Soins verts: https://nosoignons.org/etude-burn-out/
A propos de l’asbl Nos Oignons: https://nosoignons.org/

Pour rappel

La digitalisation, la précarisation de l’emploi, une exigence de performance accrue, le harcèlement moral/sexuel, les violences, la souffrance éthique: les risques psychosociaux (RPS) sont devenus un enjeu majeur de santé publique. Et ils ne sont pas sans lien avec les pénuries auxquelles certains secteurs font face…

Les RPS concernent tous les secteurs d’activité et tous les niveaux hiérarchiques, et leur impact est considérable, tant sur les individus que sur les collectifs de travail et les performances économiques. Ils touchent aussi les femmes, dont la pénibilité des tâches n’est pas toujours reconnue, et les jeunes, dont on sait qu’ils ne veulent plus travailler à n’importe quelles conditions.

Aujourd’hui, la protection des travailleurs face aux RPS dépend trop du pays dans lequel on travaille, une directive au niveau européen garantirait un socle de droits communs à tous les travailleurs.

C’est la raison pour laquelle, face à l’absence d’initiative contraignante de la Commission européenne en la matière, je prépare le dépôt d’un rapport d’initiative législative qui doit amener la Commission à légiférer en la matière avec un texte dédicacé à cette (seule) problématique.

L’importance d’une telle législation est triple:
-contribuer à protéger la santé mentale des travailleurs, enjeu fondamental de dignité et de justice sociale;
prévenir les coûts humains, sociaux et économiques des RPS : absentéisme, arrêts de travail, désengagement, conflits, turnover, voire suicides;
-enfin, une législation claire et ambitieuse permettrait de donner aux entreprises un cadre de référence solide pour agir efficacement, en accompagnant le changement sans le subir.

Il devrait s’agir in fine d’une directive de la Commission qui crée des obligations légales :
-mettre en place des plans d’action;
-impliquer les travailleurs dans les décisions qui touchent à leur santé mentale;
-assurer un suivi par des inspections du travail formées à ces enjeux.

En Belgique

En Belgique, la législation sur la prévention des risques psychosociaux au travail est en place depuis plus de dix ans, avec une réforme majeure en 2014. Elle fait partie intégrante de la loi sur le bien-être au travail. Cette législation a plusieurs caractéristiques clés qui pourraient inspirer une approche européenne :

La loi belge ne traite pas seulement le harcèlement ou les conflits interpersonnels, mais englobe l’ensemble des risques liés à l’organisation du travail : surcharge, pression temporelle, manque d’autonomie, flou des rôles, insécurité d’emploi, exigences émotionnelles… Cette reconnaissance large permet une véritable approche préventive.

Les représentants du personnel, via les comités pour la prévention et la protection au travail, ont un rôle actif dans l’analyse des risques et le suivi des mesures. Cette participation renforce la légitimité des démarches et favorise des solutions durables.

La loi prévoit aussi une procédure interne pour les travailleurs en détresse : recours au conseiller en prévention spécialisé en RPS, procédure formelle en cas de harcèlement ou de conflit grave. Cela crée un espace sécurisé pour agir avant que la situation ne dégénère.

L’approche belge montre que les risques psychosociaux peuvent être encadrés de manière systémique. Ce n’est pas une question individuelle de « résilience » du travailleur, mais bien une responsabilité collective d’organiser le travail de manière saine.

À l’échelle européenne, ces principes sont transposables : obligation d’analyse, prévention primaire, participation des travailleurs, reconnaissance des RPS comme risques professionnels à part entière.

 

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